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affirme ses inférieurs, mais dont la nature a fait ses égaux.

L'individualiste aura-t-il beaucoup de relations extérieures avec ses inférieurs sociaux ?

Il évitera les abstentions qui pourraient les froisser. Mais il les verra peu, de crainte de les trouver sociaux et non naturels ; je veux dire de crainte de les trouver serviles, gênés ou hostiles.

Quelles seront les relations de l'individualiste avec ses collègues ou ses confrères ?

Il sera poli et serviable avec eux. Mais, autant qu'il pourra le faire sans les blesser, il évitera leur conversation.

Pourquoi ?

Pour se défendre contre deux poisons subtils : l'esprit de corps et l'abrutissement professionnel.

Comment se conduira l'individualiste avec ses supérieurs sociaux ?

L'individualiste n'oubliera pas que les paroles de ses supérieurs sociaux traitent presque toujours de choses indifférentes. Il écoutera avec indifférence et répondra le moins possible. Il ne fera pas d'objections. Il n'indiquera pas des méthodes qui lui paraîtraient meilleures. Il évitera toute discussion inutile.

Pourquoi ?

Parce que le supérieur social est d'ordinaire un enfant vaniteux et irritable.

Si le supérieur social ordonne, non plus une chose indifférente, mais une injustice ou une cruauté, que fera l'individualiste ?

Il refusera d'obéir.

La désobéissance ne lui fera-t-elle pas courir des dangers ?

Non. Devenir l'instrument de l'injustice et du mal, c'est la mort de la raison et de la liberté. Mais la désobéissance à l'ordre injuste ne met en danger que le corps et les ressources matérielles, qui sont au nombre des choses indifférentes.

Quelle sera la pensée de l'individualiste devant l'ordre ?

L'individualiste dira mentalement au chef injuste : Tu es