Page:Ryner - Petit manuel individualiste, 1905.djvu/19

Cette page n’a pas encore été corrigée

comme toutes les relations entre personnes, absolument libres des deux côtés.

Y a-t-il une autre règle à observer dans ces relations ?

Elles doivent exprimer une sincérité mutuelle.

Que pensez-vous de l'amour?

L'amour mutuel est la plus belle parmi les choses indifférentes, la plus proche d'être une vertu. Il fait la noblesse du baiser.

Le baiser sans amour est-il une faute ?

Si le baiser sans amour est la rencontre de deux désirs et de deux plaisirs, il ne constitue pas une faute.

IV. De la Société

N'ai-je de relations qu'avec des individus isolés ?

J'ai des relations non seulement avec des individus isolés, mais aussi avec divers groupes sociaux et, d'une façon générale, avec la société.

Qu'est-ce que la société ?

La société est la réunion des individus pour une oeuvre commune.

Une oeuvre commune peut-elle être bonne ?

Une oeuvre commune peut être bonne, à de certaines conditions.

A quelles conditions ?

L'œuvre commune sera bonne si, par amour mutuel ou par amour de l'œuvre, les ouvriers agissent tous librement, et si leurs efforts se groupent et se soutiennent en une coordination harmonieuse.

En fait, l'œuvre sociale a-t-elle ce caractère de liberté ?

En fait, l'œuvre sociale n'a aucun caractère de liberté. Les ouvriers y sont subordonnés les uns aux autres. Leurs efforts ne sont pas les gestes spontanés et harmonieux de l'amour, mais les gestes grinçants de la contrainte.

Que concluez-vous de ce caractère de l'œuvre sociale ?

J'en conclus que l'œuvre sociale est mauvaise.