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N'ai-je pas des devoirs envers la sensibilité de mon prochain ?

J'ai envers la sensibilité de mon prochain les mêmes devoirs qu'envers la sensibilité des animaux ou envers la mienne.

Expliquez-vous.

Je ne créerai ni chez autrui ni chez moi de souffrance inutile.

Puis-je créer de la souffrance utile ?

Je ne puis pas créer activement de la souffrance utile. Mais certaines abstentions nécessaires auront pour conséquence de la souffrance chez autrui ou chez moi. Je ne dois pas plus sacrifier mon Dieu à la sensibilité d'autrui qu'à ma sensibilité.

Quels sont mes devoirs envers la vie d'autrui ?

Je ne dois ni tuer ni blesser mon prochain.

N'y a-t-il pas des cas où l'on a le droit de tuer ?

Dans le cas de légitime défense, il semble que la nécessité crée le droit de tuer. Mais, presque toujours, si je suis assez brave, je conserverai le sang froid qui permet de se sauver sans tuer.

Ne vaut-il pas mieux subir l'attaque sans se défendre ?

L'abstention est, en effet, ici, le signe d'une vertu supérieure, la véritable solution héroïque.

N'y a t il pas, en face de la souffrance d'autrui, des abstentions injustifiées équivalant exactement à de mauvaises actions ?

Il y en a. Si je laisse mourir celui que je puis sauver sans crime, je suis un véritable assassin.

Citez à ce sujet une parole de Bossuet.

« Ce riche inhumain a dépouillé le pauvre parce qu'il ne l'a pas revêtu ; il l'a égorgé cruellement, parce qu'il ne l'a pas nourri ».

Que pensez-vous de la sincérité ?

La sincérité est mon premier devoir envers les autres et envers moi-même, le témoignage que mon Dieu exige comme un sacrifice continuel, comme une flamme que je ne dois jamais laisser éteindre.

Quelle est la sincérité la plus nécessaire ?

La proclamation de mes certitude morales.