— Il empêche des maux futurs.
— Folie !... Si le hasard t'avait fait naître à Lacédémone, tu jugerais bon de tuer des hommes athéniens et de brûler nos oliviers ?
— Assurément.
— Ainsi ton bien et ton mal dépendent du lieu où ta mère t'a enfanté !
Sathon se redressa comme s'il allait dire : « e suis un sage »ou quelque autre parole glorieuse. Or il dit avec emphase :
— Je suis citoyen d'Athènes.
— Moi, — répondit Socrate — je suis citoyen, non d'Athènes, mais du monde.
Alors plusieurs des imbéciles qui étaient là murmurèrent et le prétendu philosophe Sathon parla aussi stupidement qu'un orateur devant le peuple .
— Tu te fais injure, cher Socrate, et tu t'es conduit bravement dans les combats.
— Tu as entendu dire qu'à Délium j'ai sauvé la vie de Xénophon et, à Potidée, la vie d'Alcibiade. As-tu jamais entendu dire que j'aie tué quelqu'un ?
— Tu aurais tué s'il l'avait fallu.
— Il ne faut jamais tuer ; il ne faut jamais frapper.
— Même si tu es frappé ?
— Même si je suis frappé.
Aristophane le poète comique était parmi ceux qui écoutaient. Il s'écria :
— Ce que tu viens de dire, ô Socrate, est indigne, non seulement d'un athénien, mais d'un homme.
Et, brusquement, il frappa Socrate de son pied.
Non moins brusquement, dès qu'il eut porté le coup