sans que j'aie besoin d'en avertir, que des notes, même cueillies aussitôt après un entretien, font déjà, que nous le voulions ou non, un premier choix dans ce qui a été dit. Notre mémoire, même quand elle s'efforce de repasser par tous les détours, prend, dès que le chemin est indifférent, des raccourcis.
Pourquoi, mon Xénophon, me demandes-tu conseil, au lieu de te demander conseil à toi-même ?
Parce que, Socrate, ton âge et ta sagesse t'enseignent beaucoup de choses que j'ignore.
Si tu ignores ces choses, de quelle utilité te seront-elles ?
Mais, si tu consens à me les dire, je ne les ignorerai plus.
Tu te trompes, mon Xénophon. Pour que tu cesses d'ignorer une chose, il n'est pas nécessaire que je te la dise et il ne suffit pas que je te la dise. Mais il est nécessaire et il suffit que tu consentes à te la dire toi-même.
Tu parles avec obscurité, comme un oracle.
Toute parole est vide et obscure qu'on ne se dit pas à soi-même.