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toucheraient le fond sans que ton coude soit mouillé, tu te vois et tu me vois et tu vois se balancer la grâce des grands arbres du bosquet. Dans la parole que tu prononces, dans le geste que tu fais ou dans la pensée douteuse qui ne parvient pas à se formuler en toi, Dieu voit l’univers s’étaler dans toute son étendue, se prolonger dans toute sa durée. Et dans n’importe quel point de l’univers, dans n’importe quelle minute, même ancienne ou lointainement future, Dieu entend le son assuré de ta parole, ou le chuchotis de ta pensée hésitante, ou le frôlement du geste que tu fais sans le savoir toi-même.