mon esprit reste sceptique, tu es un dieu pour mon âme croyante.
Toutes les vraisemblances me paraissent former une pyramide aux pierres croulantes. Mais un rocher, de vérité peut-être, demeure inébranlé dans leur ruine. C’est ta vertu, ô Porcus. Combien tu vaux mieux que Junius Rusticus : il me fait du mal, et toi tu me fais du bien.
Épictète, il y a une chose que je voudrais te demander de m’expliquer.
Parle.
À l’époque où tu étais esclave, tu ne t’es jamais révolté contre ton maître ?..
Jamais, quand il s’agissait de choses indifférentes, comme l’or, la nourriture, ou ma jambe.
Oui, je sais l’histoire. Tu avais, depuis ton enfance, une jambe malade. Un jour, Epaphrodite s’amusait à la tordre. Tu l’avertis : « Si tu continues ce jeu, tu casseras ma jambe. » Epaphrodite continua, comme s’il n’avait pas entendu ta parole, et ta jambe malade fut cassée en effet. Alors tu dis, en souriant : « Je t’avais averti que tu casserais ma jambe, la voilà cassée. »
C’est ainsi que j’ai entendu conter cette histoire,
Moi, j’aurais tué le maître et je me serais tué ensuite.