Ce sont les gestes des riches qui injurient les riches. Votre avidité est une Circé qui vous transforme tous en loups ravisseurs, en chacals guetteurs ou en pourceaux vautrés dans des auges étrangères.
Hélas ! Porcus ruiné, combien l’exil devient ennuyeux. Cet imbécile de Junius Rusticus aurait bien pu se taire.
Que dis-tu de Junius Rusticus ? Tu sais que je l’aime.
Le disciple de Théophile vient de m’apprendre que Junius seul est coupable de tous nos malheurs.
Oui. Ce mauvais philosophe que tu aimes, Arrien, a poussé l’impudence jusqu’à faire l’éloge de Pœtus Thraséas et d’Helvidius Priscus et il les a appelés des hommes très vertueux. Son discours a été répété à Domitien. L’impérator — et c’est justice — n’aime pas les gens qui résistèrent aux volontés des Césars d’avant lui. Il s’est irrité et, pour le crime d’un seul, il a banni tous les philosophes de Rome et de l’Italie.
Vraisemblablement il valait mieux envoyer à Junius Rusticus l’ordre de s’ouvrir les veines.
J’admire ta générosité philosophique, ô noble académicien.
Tu trouves amusant d’aller en exil mourir de faim et de soif, quand la Ville fourmille de patrons généreux.