Page:Ryner - Les Chrétiens et les Philosophes, 1906.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fait point de bourreaux. Tu as vu d’ailleurs que, même dans des choses indifférentes et qui ne dépendaient pas de nous, la raison et la douceur ont triomphé là où la violence aurait échoué.


historicus

Ce qui a triomphé, c’est un mensonge involontaire et une ruse qui s’ignorait.


théophile

Ce qui a triomphé, c’est la volonté de Dieu.


épictète

Tu as raison, Théophile, et…


historicus

Moi, Félicion, je t’approuve complètement. En faisant tomber Porcus et en le piétinant un peu, tu as entretenu l’excitation nécessaire de ton âme ; tu t’es grisé du vin d’une première révolte. Il est bon d’être ivre de falerne, de colère ou de mépris de l’ennemi, quand on va monter à l’assaut.


félicion

Revenu auprès de mes compagnons, je leur ai raconté les derniers événements. J’ai dit aux quelques-uns qui hésitaient : « Consentirez-vous à rester toujours les esclaves de ce lâche ? douleur ! être esclave. Mais être esclave de Porcus, ô honte ! » Par ces paroles et d’autres semblables, je les ai décidés. Et nous nous sommes arrêtés quand Porcus voulait que nous marchions. Il est venu vers nous la bouche pleine de je ne sais quel vomissement d’injures et de menaces. Mais je lui ai dit : « Tu parles, ô tardif Porcus, à des êtres qui ne sont plus ici. Tu parles à des esclaves ; nous nous sommes affranchis. »


porcus

Tu viens de raconter un crime et un crime lâche, puisque je ne pourrais essayer de le punir qu’en courant des risques.