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CHAPITRE III



les étapes du bon rire


Quelle route ai-je prise pour aller de la connaissance de moi-même à l’amour ? La route joyeuse du détachement. À ceux qui la regardent de loin, elle apparaît, la bonne et douce route, rebutante et pénible. Ils reculent devant elle. Et quelques-uns me disent : « Pourquoi suivre ces détours longs et fatigants ? Est-ce que je ne sens pas dans mon cœur battre l’amour ? Je développe directement les bons sentiments dont je possède au moins les germes. Ainsi je serai plus utile que toi. Mon amour pour mes frères sera autrement actif et efficace. Par le côté urgent, j’aborderai le problème de leur souffrance. Je serai un des héros qui luttent contre la misère. Le problème qui s’impose à nous — et ta sagesse le néglige si complètement ! — n’est-ce pas le problème économique ? Descends de tes ambitions hautaines ; daigne rester un homme et viens avec nous lutter parmi les hommes. »

Ah ! ma pitié pour la naïveté ou pour la malice de ceux qui parlent ainsi… Les yeux sur le sommet abrupt, si je m’efforce de monter en ligne droite, à chaque tentative, je roulerai meurtri, mais jamais je n’approcherai du but. Telle l’humanité, de siècle en siècle, de chute en chute, se