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figures protectrices. Cependant, sur les sentiers de la montagne de Bethléem, des bergers marchaient chargés de présents. L’un de ces bergers, qui portait un agneau sur ses épaules, retenait longuement l’attention du vieillard.

Toutes les fois que décembre était revenu, il avait vu les mêmes santons dans les mêmes attitudes. Pourquoi l’intéressaient-ils à ce point aujourd’hui ?

Une vieille femme avait posé sur son épaule une main tremblante et familière ; puis, tandis qu’un doigt désignait précisément le berger qu’il regardait avec une émotion inexpliquée :

— Tu sais que maintenant tu lui ressembles…

À travers la fumée de sa pipe qui montait dans la nuit claire, Bernard se voyait sous la figure du santon, un agneau sur les épaules.