Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

antérieurs ont tous chanté la nature consolatrice des douleurs. Le départ littéraire et l’originalité étudiée gâtent une inspiration qui serait heureuse si le sentiment était moins pensé.

Hélène Vacaresco est absurde de bégayer son âme en une langue étrangère ; mais, puisqu’il était écrit que cette Roumaine se traduirait en vers français, il ne faut pas s’étonner qu’elle fabrique ses strophes comme Santeul forgeait des vers latins ou comme Daniel Lesueur forge du Leconte de Lisle. Il serait intéressant de relever ses innombrables imitations : elles nous révéleraient lesquels de nos poètes sont illustres au bord du Danube. Cette jeune orientale se laisse prendre au clinquant des Orientales et les lourdeurs barbares de Leconte de Lisle brillent assez pour lui paraître de l’or. Mais son goût personnel la porte vers des poètes doux et lents, et elle ne déteste pas un peu de mièvrerie : elle abonde en verlainismes et elle fredonne des andantes que pourraient réclamer tantôt Paul Bourget, tantôt Jean Aicard. Si les langueurs lâches de Pierre Loti étaient versifiées, elle serait plus séduite encore par cet homme qui semble réunir toutes les élégances roumaines : officier de marine, cornac littéraire de Carmen Sylva, jouisseur aux grands airs dédaigneux,