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Louise Ducot dédie ses Rêves d’exil à Sully-Prud’homme, en « hommage d’admiration et de reconnaissance ». Et cette excellente élève doit, en effet, à son maître beaucoup de qualités extérieures et d’apparences de talent.

Les pièces de son recueil sont rassemblées, comme les sonnets des Épreuves, de façon à donner l’illusion d’un progrès naturel de l’âme. La première partie, Insouciance, chantonne le vague éveil à la vie, les primes sourires, puérils et jolis, à la beauté extérieure des choses, et la jeune tranquillité, parfois railleuse, en face des problèmes qu’on ignore, en face des sentiments qu’on nie à la veille de les ressentir. — Tristesses déplorent l’amour, car Sully-Prud’homme, cœur inquiet et gentiment égoïste comme tous les enfants malades, a établi pour les parnassiens philosophes la vanité des tendresses qui, paraît-il, ne peuvent durer. Et Louise Ducot pleurniche aussi sur notre pauvre esprit qui fait le pendule au milieu du puits, également incapable de remonter jusqu’à la solide margelle de la foi ancienne et d’atteindre la blanche vérité, naïade endormie tout au fond. — Sully-Prud’homme, bon kantien, après avoir détruit tout motif et toute règle d’action, se tire d’affaire en se commandant « catégoriquement » d’agir.