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tiques de Mme Daudet, s’appuient sur des souvenirs. Les joies d’imaginations sont des oiseaux qui ont besoin, pour venir nous réjouir de leur vol capricieux, de s’élancer de quelque lointaine réalité. « J’ai beaucoup rêvé ; mais j’ai d’abord vécu mon roman, et je ne me suis abandonnée aux chimères que lorsque ma vie de cœur a été close. » L’imagination « doit fleurir nos existences comme ces plantes grêles fleurissent notre tour. Elle doit masquer la misère de notre destin d’un voile aussi riant que celui que jettent ces corolles et ces mousses sur la nudité des vieux murs ». Ne serait-ce que pour les poétiser ensuite, notre jeunesse doit être accueillante à la vie et à l’amour. « Il est bien doux de retrouver au fond de sa mémoire l’oiseau d’azur au ramage charmant… Que de vies sont privées de ces échappées lumineuses… »

Ah ! les pauvres qui n’ont pas même au trésor de la mémoire une fleur fanée et un beau jour éteint, comme Max Lyan les plaint, comme elle sourit tristement à les voir chercher partout « une issue, un leurre d’emploi aux facultés aimantes si cruellement refoulées » ! Elle s’attendrit aux humbles affections et aux manies de la vieille fille qui n’a trouvé parmi les hommes « nul aliment pour son cœur avide et douloureusement a cherché plus bas des prétextes à amour ».