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une pointe en franco-russie.

Mme Dorian est une Slave singulièrement francisée : elle habite Paris ; elle y dirigea un théâtre ; elle emploie notre vocabulaire et daigne quelquefois obéir à notre syntaxe. Et elle s’est bizantinisée à la fréquentation admirative de nos plus prétentieux esthètes. Elle habille sa pensée, comme une icône, de vêtements lourds, surchargés d’ors, sans grâce, qui lui semblent somptueux et qui sont grotesques. Elle tient trop à émerveiller pour ne point faire rire. Elle s’est germanisé aussi à la lecture de Schopenhauer, — que, décidément, nos actuels bas-bleus vengent bien du dédain de ses contemporaines, — et de Mme Ackermann. Elle est complexe et artificielle, toute en jeux de surface, pauvre Isis faite de voiles abondants, de roides broderies dressées autour de rien.

Je m’arrête et je me calme. Irrité par les inepties des Roses remontantes et de Félicie Ariescalghera, je viens d’être injuste pour les Vespérales. C’est bien mauvais aussi, les Vespérales, presque jusqu’à la fin. Mais la dernière pièce gronde une révolte noble et qui ne manque pas de puissance. Le poète (car ici, mais ici seulement, Tola Dorian mérite ce titre) s’adresse à Ishmaël, fils d’Agar et d’Abraham, chassé au désert par son père :


Tes fils, pareils aux fils des louves et des merles,
Ne gardent pas le souvenir de leurs berceaux :