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on nous obsède, mais de braves Polonais qui, à force d’être oubliés, me semblaient tout nouveaux. Et les portraits me donnaient une impression de vérité originale. « Tour à tour rêveurs mélancoliques et passionnés fougueux », ces gens-là agissaient en grands enfants généreux ; leurs gestes, nécessaires et inattendus, exprimaient, en brusques éclats, des sentiments de toujours. Telle de leurs violences me paraissait poétique et logique comme un incendie qui couva longtemps, deviné par de vagues inquiétudes et d’hésitants pressentiments, et qui, tout à coup, surgit, catastrophe inévitable et spectacle merveilleux. Je m’étonnais même que cet écrivain vivant, personnel et vrai, eût vu deux de ses livres couronnés par les vieillards verdâtres dont la Morgue porte le nom prétentieux d’Académie française. Hélas ! j’ai trop compris ensuite le déshonorant succès. Le roman bientôt arrive, intrigue indifférente lue mille fois, et les nécessités de la pauvre fable faussent et banalisent les caractères. Le style même perd peu à peu sa vie capricieuse et jolie, marche égal, somnolent, sur la grand’route grise et plate de la perfection académique.

Cécile Cassot montre alternativement son impuissance dans toutes les espèces du roman ; à son comp-