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faut ÊTRE. Que ceux qui ne sont pas nous épargnent leurs vains bavardages. S’ils font du bruit, ces échos, ils auront la joie vaine des éloges payés, et la joie vaine des éloges de camarades, et la joie vaine des éloges équivoques des lâches. Leur châtiment sera d’entendre un homme sincère leur dire : Tu n’es pas.

La femme marche vers un affranchissement qu’elle comprend mal, je crois. Imitatrice inhabile, incapable de juger et d’utiliser l’expérience de l’homme, elle tient à suivre exactement la même route que nous avons suivie, à refaire les mêmes faux pas, à recommencer les mêmes chutes, à s’engager derrière nous dans l’impasse du suffrage universel. Je crie son erreur, par amour de la vérité, sans espoir d’être entendu. C’est une loi inéluctable qu’un peuple opprimé considère comme idéale la situation du peuple oppresseur, réclame les biens vrais ou faux dont le tyran paraît jouir. On ne fait pas deux étapes à la fois : la femme deviendra citoyenne, pour apprendre combien la cité est méprisable.

L’affranchissement économique et politique de la femme sera-t-il accompagné de son affranchissement esthétique ? L’esprit féminin se dégagera-t-il de l’imitation de l’esprit viril et le bas-bleu est-il destiné à disparaître bientôt ?