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Je la remercierais, certes, d’un esprit ému, si elle tenait la moitié de ces promesses.

Mais l’amour qu’elle chante sur son mirliton est de ces sentiments de surface dont il est difficile de juger s’ils ont été vaguement sentis ou décrits seulement :

Ami, te dire que je t’aime,

C’est, je crois, ne t’apprendre rien ;
Mais il est, et tu le sais bien,

Des mots qui sont tout un poème.

Et huit vers, — qui ne sont même point destinés à être mis en musique, — disent à l’ami : « Je t’aime le soir » ; huit vers lui affirment : « Je t’aime la nuit » ; huit vers lui répètent : « Je t’aime le matin. » Nous voilà instruits de beaux et profonds secrets sur l’amour féminin.

Noël Bazan, comme beaucoup de poètes insincères, abonde en souvenirs livresques. Quelquefois elle ronsardise gauchement

Au courant de cette vesprée,

Loin du bois qui le vit s’ouvrir,
Le muguet blanc vient de fleurir

Parmi la peluche empourprée.

Ou bien, écrasant d’une lourde incohérence le refrain de Villon, elle se demande :

À quoi bon rebâtir sur les neiges d’antan ?