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pâture seulement, mais une parure. Cette pieuvre est aussi un parasite ; elle ne pique pas toujours en enlaçant ; elle rampe, glisse, s’identifie d’abord sans blesser.

« Quand vous vous apercevez qu’elle vous gêne, vous étreint, vous étouffe, il est déjà trop tard ! La liane vivante a pris racine dans votre écorce, ses branches se nourrissent de votre jeune ardeur ; toutes vos fleurs ne servent plus qu’à l’orner elle-même, tandis que vous vous fanez dans cette absorption lente, qui tient à la fois de la caresse et de l’engourdissement.

« La nature l’a pourvue de tous les appareils nécessaires à ses instincts, à ses plans, à ses besoins.

« …La pieuvre de Victor Hugo dévore un homme ; la nôtre se plaît à bercer, magnétiser et engourdir mollement ses victimes.

« Quand la proie se réveille et fait mine de vouloir fuir, les deux bras charnus se soulèvent ; les fossettes se creusent plus profondes ; les petites mains se réunissent et vous enserrent plus solidement que ne le ferait une chaîne de galérien ; la bouche de la pieuvre adhère à votre bouche : l’homme est perdu !… »

J’arrête à regret la citation, car j’avoue que cette sottise verveuse m’amuse. Je dois pourtant avertir les jeunes gens : les dégâts de la femme pieuvre sont particulièrement terribles quand c’est « à l’entrée de la vie, sous le portique du temple où le convoquait le