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qu’ils soient des imitations trop directes et trop vides d’Edgar Poë. Je crois que j’aimerais tout à fait — si elle les essayait aujourd’hui, avec son talent formel, assoupli et fortifié — de courtes proses où elle chanterait « tout le cynisme naïf de sa nature de poète » ; où elle dirait « de quelles haines se forme l’amour » ; où tout serait « lourd, violent, et cependant d’une merveilleuse perversité de tons ; » où parfois elle courberait « au-dessus de la complication des odeurs artificielles et des gestes de comédie, l’exquise simplicité d’une branche de mimosa ».

Hélas ! la dernière histoire qu’elle nous conte, les Hors Nature, a près de quatre cents pages de texte compact, et quelques morceaux joliment pervers sont reliés par la plus puérilement perverse de toutes les fables. Je n’ai pas le courage d’analyser cette corruption délayée d’une œuvre célèbre où René, au lieu d’avoir une sœur, a un frère. Ce long rêve d’inceste unisexuel est déplaisant et nullement troublant.

La composition du livre ne vaut pas mieux que sa conception générale. C’est plein d’épisodes inutiles, dont quelques-uns, mis à part, seraient intéressants. C’est plein aussi de détails ridicules. On y voit des gens embrasser les étoffes trop fort et « sombrer jusqu’au spasme en pleine illusion ». On y méprise des femmes, mais on y couche avec leur chevelure coupée.