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quel flatteur l’a définie : « la bonté armée. » Hélas ! les pauvres armes, combien courtoises et émoussées.

D’après ses livres, la bonté est bien sa caractéristique, mais une bonté un peu banale, amalgame de curiosité toujours insatisfaite et de faiblesse. Parfois elle veut montrer ses griffes : alors on s’aperçoit qu’elle n’en a point. Elle écrit sur le Portugal, un livre qui s’applique à être sévère et spirituel, qui reste naïf et aimable. Ses tentatives d’épigrammes tournent en madrigaux et, si elle essaie un madrigal, c’est un dithyrambe qui lui échappe. Où le plus indulgent s’indignerait, elle s’efforce de sourire en personne qui n’est pas dupe tout à fait ; elle admire quand nous souririons. Antonio Ennès, minuscule imitateur de tous nos romantiques, lui apparaît un grand génie original, et elle vante Un Divorce, gros mélo quelconque, comme un rare chef-d’œuvre. Malheureusement pour Ennés, l’enthousiasme de Mme de Rute est indiscret : non contente de louer, elle traduit, nous permettant ainsi de juger la pauvreté des inventions qu’elle admire. Elle fut plus heureuse le jour où elle s’éprit d’Etchegaray et de son Grand Galcotto.

Plus que dans ses traductions, ses récits de voyage et son théâtre (quoique l’Aventurière des Colonies vaille bien Un Divorce), elle est intéressante dans son recueil de nouvelles, Énigme sans clef. Certes, on y trouve ça et là des réflexions bavardes et ennuyeuses. Mais ces