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maladresse de la phrase, on est intéressé parce qu’on se sent en présence d’un cerveau qui travaille.

Il y a bien longtemps que l’Université de Lausanne partagea le prix d’économie politique entre elle et Proudhon, et depuis elle ne s’est jamais désintéressée de la sociologie. La Fronde lui est aujourd’hui une tribune commode, et elle y expose copieusement ses idées sociales. Ici encore, elle est un génie constructeur, abominablement latin, organisateur et tyrannique. Elle ne se trouve pas assez gouvernée : elle exige un quatrième pouvoir, « le pouvoir enseignant. » Elle s’irrite de l’originalité de pensée, attaque celui « qui n’en veut croire que son logos, son démon intime ». Il lui faut un enseignement d’État seul et tout-puissant, une orthodoxie scientifique. Elle exige qu’on impose à l’enfant « la vérité actuellement connue des faits historiques ou naturels ».

Je regrette pour elle qu’elle se soit laissée entraîner à la politique quotidienne et que sa pensée, sous le vent des partis, tourne, girouette lourde et grinçante. Un exemple de ces naïves palinodies. Le 5 mai 1898, en un article intitulé : le Colin-Maillard électoral, elle proclame très nette : « Si j’étais électeur, j’exigerais de mon candidat qu’il se déclare anticlérical, antimilitariste, antiprotectionniste, c’est-à-dire antiméliniste, mais je lui demanderais en outre d’être antirevisionniste et même antiradical, si le radicalisme consiste