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rituelle et valent par la nouveauté malicieuse, non point certes de l’idée, — seuls les perroquets aujourd’hui disent des « pensées », — mais de l’expression rapidement cinglante. Quand Maria Star s’occupe de la vanité du « monde », on a parfois le plaisir d’entendre comme un sifflement de cravache. Par malheur, cette mondaine qui médit même du « monde » n’a que de l’esprit et, dès qu’elle touche aux choses du cœur, comme l’esprit ne suffit plus, tout devient incertain, hésitant ou franchement faux. Souvent même on est choqué par ce qu’il y a de viril et de donjuanesque dans ces pensées signées d’un nom de femme. « Dans le royaume de l’amour, la mendicité est interdite. Ne demandez rien, prenez tout. » Cela est encore féminin, si l’on veut, puisque raccrocheur. Mais ceci : « La conquête est meilleure que la possession. » Cette fois, visiblement, Maria Star répète une sottise et une sottise d’homme. Peut-être le bel et bête Hugues Le Roux, qui signe la préface de ce « bréviaire délicat (oh ! oh !) de sagesse féminine (ah ! ah ! ah !) et mondaine (hélas !) » s’est-il souvenu de son vieux métier de secrétaire et a-t-il raboté pour la patronne quelques-unes de ces platitudes. Mais, — ne l’oublions pas, — c’est surtout quand une femme met bas un livre que la recherche de la paternité est interdite, et il est indiscret de sourire en nommant les parrains.