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savoir ce qu’elle pensait au moment où elle écrivait telle ligne ; j’ignore, autant qu’elle-même, ce qu’elle pense : les Maximes de la Vie se contredisent comme de vulgaires proverbes.

Je trouve, page 12, cette définition souriante : « L’oubli est le pardon involontaire. » Mais la page 5 affirme : « Qui oublie a pardonné, qui pardonne va tâcher d’oublier. » Ainsi « le pardon involontaire » serait un effort qui succéderait au pardon ! Comprenez-vous ce que vous dites, comtesse ? Moi je crois comprendre ceci : un jour, vous vous êtes amusée d’une subtilité ; le lendemain, vous vous êtes réjouie d’une antithèse : jamais vous n’avez pensé. — Son opinion sur l’avarice n’est pas moins hésitante que son sentiment sur l’oubli. Tantôt elle affirme, admirative : « Le but de l’avare n’est pas d’amasser de l’or : c’est de mettre en réserve de la puissance. » Tantôt elle dénigre : « L’avare se prive de tout, de peur d’être privé un jour de quelque chose ».

Je n’insiste pas. Mme de Beausacq, comtesse au joli nom de vaudeville, me trouverait naïf si je persistais à la prendre au sérieux. Elle joue vaniteusement. Elle ne veut pas nous forcer à réfléchir. Elle tient à montrer son adresse : elle ramasse les sottises dites chez elle, puis elle les condense, les renferme en des formules jolies et fragiles, et elle jongle avec sans trop en casser. Encore que ses exercices soient un peu bien connus et