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Elle restera, d’ailleurs, toujours « un de ces précieux instruments qui renferment des pleurs et des extases ». Des gens mourront qu’elle aime. Elle ne cessera point d’aimer leur compagnie, de leur demander le secret de leur cœur et de « parer les morts de tous leurs actes romanesques comme d’une guirlande flétrie, mais odorante encore ».

Elle passera par la grande douleur d’amour, mais elle sortira de l’épreuve plus noble, plus tendre et plus capable de secourir. « Ma peine, — dira-t-elle magnifiquement, — était comme une étole sacerdotale que je revêtais pour ouvrir ainsi qu’un tabernacle les portes des cœurs. »

Je ne puis m’attarder à citer les plus belles des images qui font sourire et briller chaque page. Je ne résiste pas cependant au plaisir d’écrire, en me la récitant tout haut, cette phrase dont j’aime et la vie lumineuse et le rythme chanteur :

« L’Ourse, que les Bretons nomment Ar-c’har kam, dirigeait vers le Nord son char boiteux, et la Voie lactée, que je connaissais mieux sous le nom de Chemin de Saint-Jacques, laissait deviner à travers un voile d’argent l’infinité de ses soleils, pressés comme des pèlerins. »

L’Académie a couronné ce prestigieux écrivain. Mais elle ignore le livre exalté et émouvant, et ses lau-