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Mais, on s’en aperçoit bientôt, ce qui l’irrite dans le « monde », c’est uniquement l’hypocrisie des paroles, nullement l’ignominie des pensées et des actes ; et l’accord qu’elle conseille entre ce qu’on pense et ce qu’on dit, ce n’est point l’harmonie de la vertu, c’est l’insolence du cynisme.

Régine de Sylveréal vient d’exposer la doctrine de Mlle de Bovet sur le mariage. Elle suppose une objection et elle y répond : « Alors vous faites du mariage un marché ! — Parfaitement, et vous aussi. Seulement moi je l’avoue, voilà toute la différence. » La différence me paraît insuffisante.

Et ce sont toutes les infamies mondaines qu’adopte ainsi cette grande réformatrice, qu’elle proclame légitimes, et qu’elle encourage à se montrer au grand jour. La vertu qu’elle vante, c’est l’impudeur.

La seule préoccupation de cette nature sans générosité, c’est la crainte d’être dupe. Or elle est dupe à rebours, car elle généralise ce qu’elle voit dans son pauvre monde factice et, inepte sédentaire de la pensée, elle nie l’amour et l’amitié, comme elle nierait l’Océan et la montagne si son corps n’avait voyagé. Elle raille « ces amours factices et ces amitiés exaltées, au moyen desquelles tant de femmes oisives trompent le néant de leur cœur et l’inutilisation de leurs énergies ». Mais les sentiments qu’elle proclame sincères manquent