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le massacre des amazones.

devant ce livre qui doit, d’après lui, « intéresser tout cœur passible d’émotion. »

Mme E. Saliez, officier d’académie, dame patronnesse de la Société contre l’abus du tabac, ne se plaindra pas de moi. Je laisse analyser et admirer par une de ses bienveillantes consœurs son œuvre unique, la Fiancée du fumeur. La parole est à Mme Clotilde Dissard :

« Fort joliment tournée cette saynète. Une jeune fille, Anna, a à se plaindre de son fiancé. Hier, au salon, avec ses compagnes, elles se trouvèrent abandonnées. Ces messieurs étaient au fumoir, impossible de danser. Aussi la jeune fille répond-elle à son père :


Avec tous ses pareils, votre monsieur Raymond,
Cette homme si charmant, ce fiancé modèle,
Avait sournoisement déserté le salon,
Et, préférant au sexe, ainsi qu’on nous appelle,
Du tabac empesté l’arôme dégoûtant,
Ils étaient tous allés, ô rare politesse !
Dans le fumoir voisin délecter leur paresse.
Il nous fallut rester en cet isolement,
Une grande heure au moins ! Et vous voulez, mon père,
Que je prenne un mari fait de telle manière
Qu’il me réserve à moi cet enviable lot
De me voir préféré le poison de Nicot ?
Cela ne sera pas ! Qu’il fume son havane,
Et qu’à son bras, s’il veut, s’appuie et se pavane