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piquant plutôt que vaste ou juste, et, lorsqu’il voulait peindre les Ruines des Tuileries, il lui arrivait de nous faire surtout connaître une marchande d’oranges. Sa veuve a écrit ses Notes et Souvenirs, traduisant en un français d’une simplicité aimable et souvent spirituelle ce qu’il lui dictait sans doute en un verveux patois napolitain. Il y a dans ce volume, qui n’est pas un livre, mais qui est bien mieux, non seulement des anecdotes amusantes, mais encore des histoires touchantes de vérité profonde. J’aime beaucoup, par exemple, cette naïve Raphaëla, fleur de jeunesse triomphante et éphémère, qui, dès vingt et un ans, « dans un joli rire cristallin, des larmes pourtant sur sa joue brune (soleil et pluie d’avril) » pleure sa beauté diminuée et, avec une coquetterie en deuil, se déclare « vieillotte ». On trouve avec joie, dans ces pages, de la vie saisie en son mouvement, de la réalité capturée au passage et des âmes qui se livrent sans artifice.

Par malheur, avec quelques-uns de ces souvenirs frêles et délicats, Mme de Nittis a maçonné de lourds romans, laides maisons de rapport où on reconnaît difficilement les pierres du sanctuaire rustique qui, dans la campagne ensoleillée, nous sourit. La sacrilège est punie non seulement par le peu d’intérêt de ces besognes, mais encore par l’empâtement de son écriture si fine tout à l’heure, par de nombreuses incorrec-