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prêtent à des développements plus longs. Elle tient à vendre beaucoup de copie.

Dans la Fronde du 27 décembre 1897, elle vante le sens du commerce chez les femmes. Elles « font admirablement le boniment ». Les marchandes de camelotte « témoignent d’un flair très supérieur à celui du général Mercier. Car il ne s’agit pas de se méprendre, de s’exposer à la rebuffade : d’offrir l’actualité antisémite à un juif ni l’anticléricale à un dévot. » Elle loue chez autrui ses propres qualités : elle est la plus avisée des négociantes, et je ne connais point de journal bien payant auquel elle ne puisse fournir l’article approprié. À ce jeu, l’artiste, qui vaut uniquement par ce qu’il apporte de personnel, devient trop souvent un ouvrier adroit et indifférent, je ne sais quoi de souple et d’amorphe comme un cabotin ou un avocat. Dans le même article, elle remarque que « ces pauvres hommes ne sont pas de force ». Ils lui « ont fait de la peine, avec leur franchise maladroite, hurluberlue, offrant sans discerner… » Elle conclut en un élan de pitié : « Quand on leur aura tout pris (décidément je ne suis qu’une girondine) il faudra, mes sœurs, tout de même faire quelque chose pour eux. »

J’ai grand’peur que la généreuse girondine ne fasse déjà trop de choses pour eux. Si elle gaspille son beau talent à de trop nombreux articles, c’est, sans doute, pour