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et de jolis détails. J’ai montré que, même dans cet étroit domaine, son attention est souvent en défaut. Indiquerai-je qu’elle est inégale à la plupart des matières, incapable de délimiter nettement un sujet et de composer un livre ? Ah ! si j’avais la place !…

Le bavardage de Laurenty n’a pas de sujet. Ça commence par la ruine du notaire Bardalys, ça finit par la vérole de son petit-fils ; entre les deux catastrophes, des anecdotes sans intérêt et sans unité. Si, pourtant, une unité de sentiment, faux et mal joué : Laurenty ne reconnaît que l’amour sensuel, et elle le déclare décevant, et elle l’injurie, le plus souvent avec des paroles de Schopenhauer, parfois avec des phrases à elle, toutes gargouillantes de je ne sais quel lyrisme hystérique. Athée du sentiment, insatisfaite par la sensation, elle reste de longues heures, agenouillée devant le dieu Phallus, à cracher des blasphèmes[1].

Paul Georges hésite entre l’étude de caractère et l’étude de mœurs : elle ne prend aucun des deux lièvres. L’Agrippine bourgeoise qu’elle a voulu peindre est man-

  1. Je fais de la critique et je ne parle jamais que d’attitudes littéraires. Cette déclaration superflue, il me convient de la formuler, une fois pour toutes, à l’occasion de Jean Laurenty qui, me dit-on, n’a ni frère ni mari. Mais j’autorise, de grand cœur, frères et maris à l’oublier, si ça peut leur faire plaisir.