Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à se martyriser d’étranges délices. Elle regarde, avec des larmes qui lui semblent excuser sa joie, « éclater le crâne comme une grenade trop mûre où, de l’écorce rougie, s’éparpillent les pépins blancs de la cervelle ». Les spectacles cruels la retiennent, et c’est pour les dire, pour en jouir de nouveau, que son imagination a les plus amusantes, les plus pittoresques, les plus irrespectueuses aussi et les plus artificielles trouvailles. « Comme, en scène, des dos de figurants font mouvoir la toile verte pour représenter la vague, ici, des ventres de noyés soulèvent la draperie sale de l’inondation. Ce sont eux qui font les flots. »

Son irrespect, qui persiste devant les sublimités de la nature, devant la souffrance, devant la mort, peut céder par snobisme et par vanité. Le même pape qui fait à la R. F. l’honneur de la reconnaître, ayant fait à Séverine l’honneur de la recevoir, Séverine eut aussi une attaque d’ « esprit nouveau », et elle parla de Léon XIII le roublard bien moins familièrement que du soleil ou de Jésus. Ses admirations littéraires, elles, sont irrespectueuses jusqu’à l’imitation. Elle a étudié les procédés de Vallès et de Hugo, et ses petites mains remuent, maladroites, ces instruments un peu gros et un peu lourds. Pourquoi, ayant une personnalité réelle, s’abaisse-t-elle à imiter ? Pour une raison commerciale, la même qui lui fait exagérer ses sentiments afin qu’ils