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être pour lui le derrière de la fortune : O culo di angelo !

Ce n’est pas qu’il n’y ait des pauvres dans les romans de Mme Malot. Mais la pauvreté, telle qu’elle la conçoit, devrait se définir : le vestibule de la richesse. Réjouissez-vous, artistes forcés de vous coucher à jeun : ces malheurs n’arrivent qu’à la veille du grand succès et pour rehausser encore du voisinage d’un abîme de misère l’énorme montagne d’or. Les jeunes filles qui n’ont pas une robe de rechange connaissent ces indéniables vérités. Elles refusent le cousin pauvre de deux millions et, si plus tard leur cœur vient à battre pour ce gueux, elles l’épousent, mais en lui faisant sentir l’importance du sacrifice consenti à l’amour. J’ai même rencontré dans Mme Malot une pauvreté joyeusement héroïque. Une jeune fille qui répond au nom heureux d’Anatole déclare que « c’est gentil d’être pauvre ». Et pourtant ce malheur « gentil » l’empêcha longtemps d’épouser, elle aussi, le bien-aimé cousin. L’oncle avait dit : « Mon enfant, vous êtes exquise, digne de lui, noble, pieuse, grave, généreuse, ma fille de choix, mais vous perdez Louis et vous jetez sa postérité à la misère. » Anatole avait compris ces paroles d’un père prudent et s’était résignée en le plaignant. Le pauvre homme ! « la nécessité l’étranglait, et on ne lutte pas contre la nécessité ». Car, dit-elle au cousin capitaine (c’est