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précis, tant de frémissements d’ombre et tant de rayons.

J’ai d’autres regrets. Judith Gautier invite quelquefois son talent gentiment chuchoteur à clamer sur les planches. Et ses mains de femme, propres aux petits travaux délicats, se sont souvent efforcées à nouer ces grosses gerbes difficiles, faites de fleurs et d’épines, qu’on appelle des romans historiques. Elle est adroite et ne se pique guère les doigts. Mais elle n’a pas assez de force, et le lien trop lâche laisse s’éparpiller à chaque mouvement corolles et branches méchantes. Quelques fleurs sont à ramasser pour leur parfum discret et leur aimable coloris.

Marie-Louise Néron, femme d’un certain Jean-Bernard, demanda à quelques hommes connus, quelle femme des temps passés doit servir de modèle aux femmes d’aujourd’hui. Plusieurs lui conseillèrent sans rire d’imiter Jeanne d’Arc. Mais elle trouve plus facile de pasticher son mari, romancier inepte qui essaye de faire du Cladel, ramasseur de bouts d’anecdotes, plat conférencier qui trouve du génie à la moindre amazone et enseigne aux dames du monde à faire des bonnets de coton avec leurs bas hors d’usage, — jadis le plus parfait imbécile du monde politique, aujourd’hui le plus