Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hontes politiques et de toutes nos pauvretés littéraires !… Et pourquoi pas ? Nous ne savions point tout ce qu’est cette grande Sarah. Mlle Cladel, heureusement, nous instruit, et désormais nous contemplerons en la directrice de la Renaissance, la « haute et insubmersible figure du devenir de la nation ».

Mme Judith Gautier, qui fut quelque temps Mme Catulle Mendès, tient de son père une imagination riche, facile, amoureuse, des Fleurs d’Orient. Heureusement elle n’avait point hérité de Théo le goût du paradoxe et l’outrance romantique, sans quoi elle se fût laissée entraîner à toutes les folies, au moins littéraires, par la fougue capricante de son ex-mari. Sa prose est restée louable de simplicité et d’ordonnance calme. Elle est une Gautier, je veux dire un Gautier sage, un peu intimidé et qui n’a plus assez de relief. Ce ruisselet a les allures tranquilles qui font la noble beauté de certains fleuves. Sa lenteur limpide est agréable, comparée aux violences torrentueuses de Mendès le fangeux. Mais elle donne la nostalgie de Théophile Gautier, adorable rivière à la fois claire et clapotante, au mouvement nombreux et sinuant et qui reflète tant de nuages chimériques comme des rêves, tant de paysages