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uniquement à Mme de Witt son génie d’éditeur. Elle n’a pas besoin de donner beaucoup de son âme et de son esprit, puisqu’elle sait l’art de vendre l’esprit et l’âme d’autrui. Elle est de ces arrangeurs qui grouillent dans le folk-lore et pullulent sur l’histoire. Quand elle s’applique, elle écrit un peu comme l’illustre doctrinaire, avec des solennités lentes et protestantes. Mais on ne retrouve chez elle ni la noblesse d’une pensée personnelle, ni ce qu’il y a parfois de vivant aux mouvements du Nîmois qui se contient. D’ailleurs elle s’applique rarement. D’ordinaire, elle écrit comme parlent les gens qui parlent mal, sans simplicité et sans puissance, parfois corrects pour la grammaire, toujours incorrects devant la logique. Pensées et images, — car Mme de Witt ne recule jamais devant les rides d’une vieille métaphore, — se suivent avec incohérence. Je n’ai pas trouvé chez elle le fameux « char de l’État qui navigue sur un volcan » ; il s’en faut même de beaucoup, il s’en faut du volcan tout entier, car la tête de Mme de Witt, assurément, n’a rien de volcanique. Lorsque Casimir Périer, premier de la dynastie, « avait pris les rênes de l’État, il avait été soutenu à la Chambre par M. Guizot et par ses amis sans que ceux-ci eussent pris aucune part aux affaires. La mort du grand homme de gouvernement qui avait dirigé le vaisseau d’une main si ferme, le laissait violemment battu par les flots ».