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fille, femme ou veuve.

que mutinerie enfantine et jolie, besoin souriant de montrer qu’on est deux, imitation par jeu de la fermeté voisine sur qui on s’appuie d’ordinaire. Mais les profondes joies de la femme sont des joies de disciple : elles consistent à suivre, à obéir, à calquer, à s’efforcer d’être parfaite comme le Dieu est parfait. Je crois pouvoir concilier, en les précisant, deux proverbes apparemment contradictoires. Le plus souvent, il convient de dire : « À père avare, fils prodigue » et : « Tel père, telle fille. » Vérifions sur des exemples.

Le père Dumas est un conteur merveilleusement fécond en balivernes sans prétention. Quoi de plus prétentieux que les balivernes du fils ? Alexandre II a la grande qualité paternelle, la verve, et rien de plus, mais il l’emploie tout autrement : le père fut un joyeux amuseur ; lui s’efforce d’être un moraliste sévère. C’est parce que le premier fut toute sa vie un grand enfant insouciant que l’autre tendit toujours à la pensée rigidement virile. Sans doute, il resta au fond quelqu’un qui s’amuse, mais la morale l’intéressa plus que les extériorités de l’histoire, et au lieu d’enfiler des anecdotes, il jongla, adroit et grave, un peu soucieux parce que ça peut tomber, avec des doctrines fragiles et des thèses cassantes. — Les différences entre les deux Daudet sont plus naturelles. Le Petit Chose parvint à l’harmonie souvent puissante par les chemins de la grâce et de