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monceaux de documents vendus à l’ennemi, des fleuves de poison bus par des troupeaux de victimes, assez de testaments supposés pour remplir une étude de notaire, un lot de faux en écritures publiques ou privées suffisant pour occuper dix années de Couard, Belhomme et Bertillon. Et des êtres aussi raisonnables que vous et moi étaient enfermés en des asiles d’aliénés, pour que de vils gredins pussent jouir de leur fortune ou leur enlever leur fiancée. Et les braves gens des mêmes livres mentaient tous les jours et tuaient toutes les semaines.

L’œuvre maîtresse de Paul d’Aigremont s’appelle Monté-Léone. Comme le titre l’avoue naïvement, c’est un démarquage de Monte-Cristo. Quelques incidents empruntés aux Mystères de Paris et au Juif-Errant viennent corser un peu l’intrigue trop simple du père Dumas.

L’écriture de Paul d’Aigremont est précise comme celle de Jean Laurenty dite Bouche-de-Colibri : « Dieu me rédimerait de mon courage. » Le contexte m’informe que rédimer signifie ici récompenser. Le pléonasme fleurit dans ses jardins comme dans ceux de Cécile Cassot : « Il le ferait certainement à coup sûr. » Parfois il se mêle d’étourderie et donne d’assez joli galimatias : « Autant vaut mieux ne pas l’entreprendre. » Un avocat d’une éloquence géniale vante un vieil hôtel « très grand, encore plus vaste. » C’est aussi dans un feuilleton de Mme de Roussen que