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systématique qui serait possible chez un imbécile, chez un fou ou chez un penseur. Supposez que Molière, aussi bête que Coquelin, ait voulu son Arnolphe tragique. Le bourgeois à la fois plat et paradoxal de Camille Pert pouvait être amusant, si l’inconsciente avait senti ce que sa création a de caricatural et n’avait pas prétendu nous donner de l’observation impartiale et de la vérité moyenne. Ce mari adresse, en effet, à sa pauvre petite femme, des reproches bien lisibles : il a fait un mariage d’inclination, mais il est furieux d’aimer plus qu’il ne se le proposa, et il ne pardonne point des joies trop grandes, en dehors de son programme. Le traître du même livre, — car, lorsque Camille Pert a ses trois cents pages de psychologie, un traître vient toujours dénouer l’histoire, d’un brusque geste mélodramatique, — est encore assez extraordinaire. C’est un homme à bonnes fortunes, mais un don Juan bourgeois et prudent qui ne prendra jamais la femme d’un ami, « car il n’y a pas de sensation d’amour qui vaille la somme d’ennuis qui pourrait en résulter ». Il a rencontré une seule fois l’amant de la camarade et il s’est irrité contre le timide gaffeur, comme un joueur habile qui voit un novice faire des fautes. Et, parce que l’esthétique de Camille Pert exige une éclaboussure de sang sur le mot « fin », voici que ce mondain souriant, superficiel et égoïste, agit comme un jaloux