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un chapitre. J’ai lu d’elle deux volumes : Pour le bonheur, Aimer ou vivre. Le premier s’orne en épigraphe de ce mot de Chateaubriand : « Le roman prend en croupe l’histoire ». J’ai bien peur que, trop faible de reins, la pauvre bête n’ait buté dès le premier pas et ne se soit plus relevée, écrasée sous la double charge. Mme Meunier croit naïvement avoir fabriqué un roman historique, parce qu’elle a coupé son anecdote en morceaux plats et minces entre lesquels elle a glissé des tranches d’histoire ou même des documents textuels. Les chapitres d’Aimer ou Vivre sont encore des sandwichs, non plus à l’histoire, mais à la médecine. D’héroïques phtisiques, condamnés par le docteur à choisir entre quelques jours d’amour ou beaucoup d’années d’ennui, optent pour la passion, et nous assistons à leurs baisers et à leurs crachats. En le purgeant de quelques renseignements physiologiques, le sujet permettait peut-être une nouvelle, un peu frêle, un peu banale, touchante cependant. Mme Meunier veut moudre plus de farine qu’elle n’a de blé : elle laisse le son et ajoute du plâtre et toutes les balayures du moulin. Son pain plus que complet contient parfois des matières répugnantes.

Par l’abondance de sa documentation, par la gaucherie avec laquelle elle mêle documents et historiettes, par les nombreux personnages parasites dont elle en-