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rance). Principaux animalcules en suspension : le vieillard sublime, la jeune fille chaste, la mère séduite qui expie, l’officier séduisant et instruit.

Avant de devenir cantinière en chef de l’armée franco-russe et barnum de la Nouvelle Revue, Mme Edmond Adam écrivit de la philosophie banale, et aussi des romans où des artifices lents et naïfs croyaient suggérer des rêves de beauté. Païenne est le moins mauvais de ces livres qu’admira Jules Lemaître, insulteur de Barbey d’Aurevilly et flatteur de Sarcey, lâcheté souriante, heureuse de frapper la vieillesse des lions, plus heureuse de caresser tout habile qui fait semblant d’être un écrivain et qui sait être une influence. Païenne, sous l’apparence d’un roman par lettres, est un long duo d’amour en prose poétique. Les seuls livres que les femmes aient réussi, — œuvres épistolaires, mémoires, confessions, demi-romans déguisés sous l’une de ces formes, — sont écrits à la première personne. La prose poétique, par sa grâce jeune et comme inachevée, par la liberté de son lyrisme équivoque, est un genre féminin, comme au théâtre les travestis sont des emplois féminins. Si Mme Adam était une femme de talent, elle pouvait faire de Païenne un petit livre exquis. Par malheur, le volume, qui paraît court à