Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

régiment. J’ai l’honneur de vous présenter deux de ces braves femmes : Marguerite Belin, dite Jean Rolland, cantinière académique, et Marie Quivogne de Montifaud, dite Paul Érasme, qui, avant de servir Nos Sous-officiers, passa peut-être par les halles.

Jean Rolland a débuté par des romans villageois. Un paysan n’y peut rencontrer une femme seule sans se précipiter sur elle pour la violer (il paraît qu’ils aiment ça à la Revue des Deux-Mondes). Au milieu des plus jolis récits champêtres, le patriotisme exigeant de cette femme d’officier jette toujours quelque mélodramatique épisode d’invasion. Mais parfois, surtout quand elle conte des enfances, son écriture est souriante et vivante.

Ses romans militaires sont de la besogne bien faite, de bonnes plaidoiries éloquentes et ineptes, dignes des honoraires que leur prodigue l’Académie. On y trouve trop de négligences abstraites, trop de lapsus aussi, comme ce « bercail » qui est un « perchoir ». Mais des chapitres entiers sont corrects et habiles, irritants de métier littéraire, de talent oratoire et insincère. Me Jean Rolland nous assure sans rire que, dans l’armée « de bas en haut, ce qui s’affirme à tous les rangs de la hiérarchie, c’est un désintéressement absolu, l’abnégation de soi-même poussée jusqu’à la démarcation (?) de l’individu, le sacrifice de l’intérêt personnel atteignant la limite où l’héroïsme côtoie la folie. »