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gosse dans le ventre. Acte inouï et bien particulièrement prussien. Mais il y a un brave amiral, brutal et sympathique, qui arrange un peu les choses. Il faut l’entendre, ce « vieil amphibie embouché comme un matelot », ordonner à sa maîtresse, — une sale femme complice du prussien, — de « rengainer sa langue », et s’écrier, si elle n’obéit pas assez vite : « Je pourrais oublier que vous êtes femme et vous écraser comme le reptile immonde que vous êtes. » L’immonde femme-reptile m’a fort effrayé, surtout quand j’ai mieux regardé « son ensemble de hyène » ou quand « se mouvant avec une grâce féline en ondulations de panthère, c’était bien Mathilde prête à distiller son venin ». Je me suis vite sauvé loin de ce venin de panthère. Mais j’ai été doucement payé de mes émotions violentes, car le traître est puni par où il a péché. Irrémédiablement amoureux, le misérable teuton, et irrémédiablement séparé de l’ange français et féminin ! Aussi « une larme mouille sa paupière, larme de remords, larme de honte, larme de prince enfin ! » Cette analyse chimique des larmes de prince me paraît définitive.

Notre armée actuelle n’est peut-être pas poétique. C’est en prose que les cantinières modernes parlent du