Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Théoriquement, la méthode de Kant et celle des dogmatiques manifestent une même opinion métaphysique intéressante. Il est poétique d’admettre que tout se tient et que, entre l’homme et l’univers, comme entre l’univers et n’importe lequel des éléments qui le constituent, il existe des rapports étroits. Cette universelle synthèse est un rêve émouvant par quoi on se laisse volontiers bercer et griser aux heures de loisir. Rien ne prouve jusqu’ici qu’elle ne dise pas une vérité profonde. Rien ne prouve non plus qu’elle ne soit pas la plus vaste des erreurs. À supposer qu’elle exprime la plus grande et la plus belle des vérités, il me sera toujours impossible d’en déterminer le moindre détail d’une façon positive. Un des deux termes du rapport, l’univers réel, m’échappe irrémédiablement. Je ne puis saisir que l’univers subjectif. Aussi toute comparaison entre le macrocosme et le microcosme appartient à la métaphysique et à la poésie. L’accord entre moi et les choses, comment savoir s’il est profondeur ou mensonge ? Vient-il d’une parenté essentielle et d’une souple obéissance de mon esprit ? Est-il un triomphe de mon intelligence qui me soumet les choses transformées, anthropomorphisées ? Victoire décevante qui vaporiserait en brume de songe