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La morale se veut absolue, comme la religion et comme le prétendu « immoralisme » du surhomme. C’est que morale, religion, nietzschéisme exigent toujours — et ici le conseil ne saurait suffire — le sacrifice humain. Les bûchers de Moloch et de l’inquisition ont pu devenir internes ; on me demande encore d’y brûler un homme : moi-même. Pour le purifier ou lui apprendre à se surmonter. Eh ! bien, non, ce n’est jamais à moi-même, à un moi réel et concret que j’offre l’étrange sacrifice. C’est toujours à quelque « dieu inconnu ». Et, quelque nom qu’il porte, Tu-dois et Dieu personnel ou Je-veux et surhomme, en réalité, il est intérieur, et profond, et aveugle, et démentiel. Il est un des sous-hommes qui s’agitent en moi.

La sagesse veut l’homme complet et harmonieux. L’homme est cœur et esprit ; le sage est l’harmonie de l’esprit et du cœur. Une harmonie ne s’obtient pas par des ordres et des brutalités. La sagesse sourit et conseille.