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statue que je sculpte depuis longtemps, que je veux apprendre à mieux sculpter, quel nom lui donnerai-je ? ma Réalisation ?… mon Harmonie ?… mon Bonheur ?… Ces mots, aux profondeurs, ne seraient-ils pas équivalents ? S’ils ne le sont pas, à mes méditations futures de découvrir lequel exprime le mieux mon aspiration. Mais je préférerai peut-être un autre nom, auquel je ne pense pas au départ, que je découvrirai à quelque coude de la route ou dont la brusque clarté saluera mon arrivée. Peut-être aussi la pauvreté immobile de tous les noms me paraîtra insuffisante à dire les richesses et les flottements de l’être.

L’art de vivre ?… Cet art ne doit-il pas s’appuyer sur une science de la vie ? Et cette science n’existe-t-elle pas depuis longtemps ou depuis quelque temps ? Quelle économie d’effort si j’allais, soit chez les anciens, soit chez les modernes, la trouver toute faite…

Espoir et élan… Apaisons-les… Aux paroles étrangères vers quoi je me précipitais, aux paroles internes aussi, comment distinguerai-je la vérité de l’erreur et du mensonge ? Les pays où je vais entrer, je les ai déjà parcourus. Combien de mirages y trompèrent ma soif ! Les routes, je me souviens, y sont décevantes. Les plus larges finissent