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XIII

Dans les environs du nid j’avais rencontré Aristote. Nous avions échangé, comme un rapide bonjour, une courte harmonie affectueuse, et elle avait continué sa marche.

Moi je m’étais arrêtée et je songeais. Ma pensée de fourmi, contrariée par des habitudes humaines, ne parvenait pas à résoudre un problème pourtant fort simple.

Je n’avais pas d’oreilles et j’entendais. Où se trouvait donc mon organe de l’ouïe ?

Je produisais des stridulations, je les écoutais soigneusement et je me demandais avec quoi j’écoutais. Je ne trouvais pas la réponse.

Je m’appliquai à procéder méthodiquement, par une sorte d’analyse. Je rapprochais mes antennes de mes organes de stridulation puis je les éloignais : rien n’était changé dans l’intensité du son. Je les appliquai même contre les vibrations comme on applique l’oreille contre le tic-tac, soudain grossi, d’une montre. Le bruit, touché, n’augmenta pas.