Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/83

Cette page n’a pas encore été corrigée

informes et mous. Ils se composaient de douze anneaux. La tête, plus étroite que le corps, était inclinée en avant. Quelques-unes grelottaient, à peu près immobiles, semblaient dormir sous un cauchemar. D’autres se redressaient, se soulevaient, et l’ouverture qui précédait leur tête et qui était leur bouche s’agitait inquiète, cherchait visiblement quelque chose. Les larves presque tranquilles étaient repues. Les larves turbulentes avaient faim. Les ouvrières comprenaient les frémissements de leur bouche et les sursauts de leur masse impuissante. Elles accouraient, mandibules écartées, et dégorgeaient à même la bouche affamée une goutte de liqueur nutritive. On eût dit des oiseaux donnant la becquée à leurs petits. Seulement ici la nourriture n’était pas prise à l’extérieur et apportée toute brute. Elle venait, sirop exquis, du jabot de la nourrice.

Une autre case contenait des larves un peu plus grandes, d’un dessin un peu moins grossier ; une troisième, des larves plus grandes encore et mieux formées. Ma pensée d’homme songeait à des enfants distribués, selon leur âge, entre les différentes classes d’une école. Enfin une dernière case contenait des larves presque aussi grandes que nous et formait la transition avec les dortoirs des nymphes.

Les nymphes dormaient sans mouvement. Quelques-unes s’étaient filé prudemment une coque et