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devant sa présence obstinée, l’immobilité de la morte faisait un premier rempart. Mais je n’ai pas l’intention de dire en ce chapitre des scènes de guerre auxquelles je n’assistai que plus tard.

Le cratère et la longue entrée oblique laissent arriver peu de lumière aux galeries et aux salles du premier étage, de moins en moins de lumière aux étages suivants, aucune lumière aux étages inférieurs. L’odorat, très développé, nous dit l’endroit où nous sommes. Nous possédons d’ailleurs ce précieux sens de la direction qui semble aussi faire partie du trésor intellectuel de certains oiseaux. Mon sens de la direction, parfait tant que je marchais mandibules vides, était en défaut quelquefois quand j’étais chargée. Je ne puis retrouver la cause de cette lacune : il y faudrait une analyse précise d’un sens que je n’ai plus, dont je ne conçois plus le détail, que je ne puis plus définir que du dehors, par son résultat général.

Mon odorat étonné m’avertissait-il d’une erreur : dans les cas graves, je déposais un instant mon fardeau et aussitôt je savais ; le plus souvent, le rapide toucher de mes antennes suffisait, m’apprenait le point exact où j’étais et les nouveaux changements apportés dans la construction.

Les vingt-deux étages se ressemblaient. Les galeries horizontales se superposaient dans presque tout leur parcours. Pourtant elles n’étaient pas droites. À certains points, le plus souvent aux