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III

Je fus pris d’une grande pitié pour cette femme admirable qui était une folle. Et je crus voir un moyen de la guérir : lui démontrer son impuissance. J’évitai les maladresses de mes premiers vœux. Je commençai par couper toute retraite à la présomptueuse. D’un ton incrédule, je sifflai presque :

— Me changer en fourmi ?… Quand ?

— Mais à l’instant même, dit-elle. Je répliquai, gouailleur :

— Comment feras-tu ? Tu as oublié ta baguette. Mais elle :

— Crois-tu qu’un roi soit obligé de prendre son sceptre pour donner un ordre ?… D’ailleurs, si tu désires voir les signes extérieurs de ma puissance, soit satisfait.

Par je ne sais quel tour de prestidigitation, elle eut entre les doigts une sorte de bâton de chef-d’orchestre. La fourmi qu’elle avait ramassée tout à l’heure fut sur cette baguette, s’y promena hâtivement, en une terreur éperdue : elle se précipitait