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vivants qui courent, chargés chacun d’un cadavrer et qui bondissent, affolés, et qui cherchent à éviter les cadavres inévitables et qui, lorsqu’ils rencontrent un autre vivant, le regardent avec des yeux hagards, injectés, hostiles à force de douleur.

Et voici : les vivants se sont tous rencontrés en un même point, près de la porte fermée. Chacun abandonne le corps qu’il portait et, dans une folie faite d’horreur, ils se jettent les uns sur les autres, se frappent furieusement, se déchirent, vont se tuer. Encore une minute, et la cité, si vivante il y a quelques jours, ne sera plus qu’un vaste tombeau fermé sur des morts.